Ana et moi, une histoire banale.

Publié le 23 Août 2014

Ana et moi, une histoire banale.

Tout à commencer vers octobre, enfin "tout" est un bien grand mot étant donné que je ne sais pas vraiment quand ça à commencé, pourquoi.

Bref, on va dire que tout à dégénéré, vers octobre. Quand je suis montée sur la balance que les voisins nous avaient prêtée pour qu'on puisse peser nos valises avant de partir au Cameroun.

Il faut dire que dans la famille, on ne se pèse jamais, on a juste une vieille balance pas très precise. Bref je suis montée dessus, chose que je n'avais pas faite depuis un an (dernière pesée, 45) et là je faisais 47...un énorme choc pour moi. Stupide d'accord étant donné qu'il est normal que je prenne du poids, je suis ado...mais sur le coup je me suis trouvée obèse. En plus, mon copain de l'époque était maigrichon, je me disais que je devais maigrir à tout prix.

Donc on est partis en voyage au Cameroun, je n'ai presque rien mangé et deux semaines après, quand je suis rentrée j'avais perdu 2 kilos.

Et je trouvais que ça m'allait bien...mais j'avais une crainte horrible : J'avais perdu très vite, ce qui n'est pas une bonne chose, on a tendance à reprendre autant et même plus.

Du coup je me suis renseignée...et c'est là que j'ai commencé à compter les calories. J'avais tellement peur que j'ai visé très bas, directement : 1000 calories par jours, pas plus. C'est ainsi que j'ai rencontré Ana, compter mes calories journalières m'amusait, me faisait déculpabiliser, apprendre les calories de chaque aliment était pour moi un jeu, je retenais tellement vite, ça me fascinait.

Le jeu aussi, c'était de toujours manger moins, 600 calories, 400 calories....et si on m'en empêchait, c'était la crise. Plus de viande, plus de féculents, plus de dessert "je n'ai plus faim disais-je. Alors que mon ventre gargouillait en silence. Je buvais du thé, beaucoup de thé, j'avais toujours ma bouteille d'eau sur moi, ou un chewing gum, pour cacher ma faim.

J'avais peur tout le temps, je ne pensais qu'à la bouffe, qu'au prochain repas, et au suivant, je calculais et recalculait, c'était insupportable.

Noël à été le pire de ma vie, je n'ai pratiquement rien mangé, j'ai goûté un peu de tout, mais juste un peu. Et je culpabilisais, culpabilisais...Tout le monde était heureux, moi je comptais. On allait au resto ? Des haricots. Pates au saumon ? Oui mais sans crème et un tout petit peu de pates. Le calendrier de l'avant ? Caché au placard.

Et puis je faisais du sport à outrance, tout le temps, jogging, Zumba, Jump...je brûlais tout.

J'étais anorexique et je le savais. Pourtant je ne me trouvais pas grosse. Au contraire, j'avais l'impression d'avoir perdu des seins, je me sentais moins sexy.

Et pourtant...le mois de janvier a été épuisant, entre les examens, les salons de l'étudiant et le festival du cinéma dont j'étais jury, je n'en pouvais plus. Il faisait glacial, je faisais tout à vélo, je tremblais tout le temps, avais la tête qui tourne...les petites étoiles en se levant vous connaissez hein ?

J'avais aussi l'impression que mes parents, ma famille mangeaient trop, trop gras, trop en excès que c'était vraiment des goinfres, je trainais tout le temps en cuisine, faisais des commentaires sur leur façon de faire "il y a trop d'huile là" "mais pourquoi vous mettez autant de beurre ?"

Je faisais des commentaires à mes sœurs sur leur façon de manger, des froncement de sourcils quand elle se resservaient, quand elles prenaient des biscuits apéro... Je voulais les faire culpabiliser. J'étais horrible. J'avais l'impression d'être la seule au monde à connaître la valeur des aliments, que tout le monde était des gros lards qui faisait que manger et glander, je jugeais tout le monde, me comparais avec chacun...

Quand sont arrivées les vacances de février j'ai dit stop. On va partir au ski avec ma meilleure amie et ma famille, je sais qu'on va beaucoup manger mais c'est tellement bon d'habitude, ces restau sur les pistes, ces barres de cereales pour tenir le matin, ces tartelettes aux myrtilles, ces petits déjeuners de rois...je vais profiter à fond, rien compter et j'en rentrerai plus sexy. J'étais à 40 kg.

Et je suis rentrée à 40 kg. J'ai mangé, un peu de tout ce que j'aimais, je me suis calée sur mon amie, faire à peu près comme elle me rassurait. Et pourtant elle mangeais peu, je me sentais de manger encore moins...

Bref, j'avais un peu progressé, j'avais mangé des croissants, des frites, des burgers...mais j'étais loin d'être guérie.

Alors j'ai décidé d'aller voir une nutritionniste, on a beaucoup parlé, je lui ai raconté mon histoire.

Elle m'a dit d'arrêter de compter les calories, de toute manière le corps le faisait lui même, que je devais me faire plaisir, manger à ma faim. Elle m'a demandé de noter tout ce que je mangeais dans mon carnet avec une note sur 10 à côté, pour noter ma faim.

J'ai fait ça pendant 1 mois jusqu'au prochain RDV, ça m'a beaucoup aidé, je me sentais suivie et je comptais beaucoup moins les calories. Je revenais chez la nutritionniste avec le même poids, je stabilisait entre 40 et 39. J'allais mieux, mais psychologiquement c'était difficile, je culpabilisais toujours, je me retenais toujours pour certaines choses...

Puis en mai je suis tombée amoureuse, ça m'a énormément aidé, j'ai expliqué à mon copain que j'avais perdu beaucoup de poids (je ne lui ai pas expliqué comment) et il m'a dit qu'il allait m'aider à le reprendre et que même s'il me trouvait canon comme ça, je serai encore plus sexy après !

Il me ramenait du chocolat, on se prenait des croissants, des glaces...mais au final je les comptais toujours dans ma journée et je mangeais moins après...mais je réintégrais des aliments interdits petit à petit !

Puis est venu le bac de français, j'ai énormément travaillé et je mangeais bien pour avoir des forces pour réviser.

Et enfin les vacances d'été...qui furent pour moi extremement stressantes. J'ai mangé presque comme tout le monde, beaucoup plus qu'avant : des gaufres, croissants tous les matins, barbecues, fromage et pain à chaque repas, glaces et biscuits ! Oui j'ai goûté autre chose qu'une pomme, oui j'ai mangé alors que je n'avais pas faim, à deux heures de différence ! Le pire c'était la cuisine, on était avec de la famille, il mangeait beaucoup plus de féculents que nous, ramenait des viennoiseries chaque matin, mettais énormément d'huile, de crème fraîche...je n'en pouvais plus. Qu'est ce que je culpabilisais, j'ai souffert vraiment, j'en étais presque malade...mais ça m'a fait avancé.

En rentrant, j'étais persuadée d'avoir grossis...j'avais perdu un kilo...je n'en revenais pas : je n'avais jamais autant mangé de toute ma maladie...et je perdais du poids ?

Comme j'avais promis à mon copain de prendre un kilo pendant toute la durée de mes vacances (1 mois), lorsqu'il m'a vu je n'ai pas osé lui dire la vérité, il avait l'impression que j'avais pris des seins, quoi de mieux ?

Et autre chose, j'étais obsédée par manger sainement, j'achetais des livres de cuisine vegan, je cuisinais pour toute la famille, des petites portions evidemment, des legumes surtout...mes parents m'ont même pris à part à un moment pour me dire qu'il avait eu faim après le repas..

J'ai été voire la nutritionniste la semaine dernière, je lui ai tout tout tout confié : de A à Z, tout. On a établit un programme pour que j'aille mieux. 1)on allait réintégrer les aliments petit à petit 2) j'allais apprendre à arrêter de réduire mes portions. 3)j'allais arrêter de cuisiner des choses minceur

Pour l'aliment à réintroduire on a décidé de commencer avec l'huile : je dois mettre 2 cuillères à soupe dans ma cuisson et une cuillère café dans mes crudités.

Pour les quantités je dois photographier mes assiettes, si je me ressert aussi.

Pour la cuisine, je dois faire un dessert ou une recette non light par semaine, en respectant exactement les proportions.

J'avoue que pour l'huile je n'ai pas encore commencé puisque que ce sont mes parents qui cuisinent mais je ne râle plus sur la façon sont ils cuisent les aliments, je crois d'ailleurs qu'il mettent bien moins que 2 cuillères à soupe dans la cuisson ! Et je n'ai pris aucune crudité !

Mais je me sens rassurée. J'ai l'impression que ma famille mangé vraiment plus sainement que ce que je pensais, surtout en comparant avec celles avec qui j'étais pendant les vacances.

J'ai tout tout tout tout expliqué à ma famille, mon obsession des calories, de la nourriture, mon angoisse, etc.

Je leur ai aussi demandé de ne plus me parler de nourriture, de ne pas regarder dans mon assiette, de ne pas me faire de remarques ( sauf si vraiment ça dégénèrait) et que je n'en ferais plus non plus.

On était tous de bonne humeur après !

Donc je vais faire ça, pleins d'efforts, et je redeviendrais celle que j'ai toujours était.

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Rédigé par Noisette

Publié dans #Story of my life.

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C
J'allais t'écrire un commentaire asez sévère...et puis finalement je me ravise. Juste : à mes yeux, tu n'es pas anorexique. C'est subjectif, et ça te paraîtra sans doute injuste, mais je pense que beaucoup de gens malades partageraient mon opinion. Tu ne l'es pas, et sache que j'en suis sincèrement heureuse pour toi, heureuse que tu n'aie pas à connaître l'horreur des hôpitaux psychiatriques, des années et des années de misère noire , de problèmes cardiaques et de comas, autant de choses que j'ai vécu et qui m'empêchent de te juger avec condescendance, malgré ce que tu pourrais penser. <br /> <br /> Tu n'es pas anorexique, mais tu étais sur une pente glissante, ça me semble évident d'après ce que tu décris. En fait, je dirais que tu réagis juste à temps avant de le devenir, et bravo pour ça.<br /> <br /> Si ce blog t'aide, tant mieux. Je suis un peu aigrie peut-être, par des années de maladie mais au fond, il aurait peut-être mieux valu que je fasse comme toi il y a 12 ans, que je m'exprime...qui sait ?<br /> Bonne chance, sincèrement.
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O
Donc pour toi, ne pas se retrouver sur un lit de mort à l'hopital signifie qu'on est pas anorexique ? Sans vouloir te manquer de respect, je crois au contraire que c'est toi qui a tout faux et ça m'écoeure de lire ce genre de commentaires que je trouve aberrant
B
Bonjour Noisette. Je trouve que c'est très bien, ce que tu fais. Tu es sur la bonne voie. Je sais que c'est beaucoup pour toi, cela représente beaucoup, mais 2 cuillerées d'huile ce n'est rien. En remangeant normalement, tu vas reprendre un peu de poids, tu te trouveras plus sexy. Tu auras plus de forces pour profiter de la vie. Peut-être même que tu pourras refaire du sport, sur des bases saines cette fois. Rien que des trucs géniaux, tu verras. Bon courage pour ta nouvelle vie.
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N
Merci beaucoup pour ce commentaire très encourageant :) Ca me fait beaucoup de bien ! Et oui, je mets désormais de la vinaigrette dans toutes mes entrées, pour l'instant c'est encore un peu dur, je ne dose plus vraiment mais je fais attention à ce que ça ne coule pas trop vite non plus. Mais je mange tout. <br /> Bon, faut avouer que j'aime pas vraiment la vinaigrette mais ça me tue pas et peut-etre qu'à force je m'y habituerai...et puis, c'est bon de saucer son assiette après avec un petit morceau de pain :p !
G
Faut arrêter de personnaliser l'anorexie. Ana n'existe pas, c'est rien c'est personne. C'est toi.
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G
En fait, si. C'est juste que c'est ridicule de personnifier l'ano.
N
C'est une image :) Je sais bien que c'est moi, mais tu n'as surement jamais eu de TCA, car ce trouble te change, comme si une petite voix te dictait ta vie. Cette petite voix qu'on aime personnaliser car il est plus facile de se débarrasser des autres que de sois-même :)